10-Les modes de mesure de la lumière
Nous en avons presque fini avec l’exposition ! Nous avons vu sa définition, comment la visualiser avec l’histogramme, et enfin comment la contrôler avec la vitesse d’obturation, l’ouverture et l’ISO.
La dernière pièce du puzzle est de comprendre comment l’appareil photo détermine ce qu’il appelle une « bonne exposition ». C’est-à-dire comment il mesure la lumière d’une scène.
Dans sa version la plus basique, le posemètre de votre appareil (sa traduction lightmeter en anglais est plus parlante) va mesurer la lumière venant de votre scène et traversant votre objectif. Ensuite, le posemètre va utiliser cette information pour fixer les paramètres d’exposition afin d’atteindre une exposition moyenne appelée « gris 18% ».
Il s’agit de l’exposition que vous auriez si vous aviez photographié une surface lumineuse unie de couleur gris moyen. Pour vous donner une idée, il s’agit d’un gris dont le code RGB serait (119, 119, 119).
Ceci étant dit, vous êtes ensuite libre de modifier soit l’exposition totale (via la correction d’exposition dans les modes A et S, ou via les trois paramètres d’exposition en mode manuel).
Dans la plupart des appareils photos récents, il existe trois modes de mesure de la lumière, qui sont plus sophistiqués qu’une simple référence au « gris 18% ».
Les voici, en ordre décroissant d’intérêt :
Mesure multizone (aussi appelée matricielle, évaluative ou segment). On pourrait la surnommer « mesure intelligente » et c’est très probablement le mode de mesure par défaut sur votre appareil. Le principe est de mesurer la lumière sur de petites zones en balayant l’ensemble du cadre. Ensuite, il utilise un algorithme pour décider la « bonne exposition », en se basant sur des paramètres variés (comme la distance au sujet, la zone de mise au point, et même l’heure du jour…) et en faisant correspondre la scène avec une base de données de milliers d’images de référence, en essayant de comprendre ce que vus photographiez et où votre sujet se trouve dans votre cadre. Chaque appareil possède ses algorithmes qui sont gardés secrets. Du point de vue de l’utilisateur, cela peut apparaître un peu magique Cela vaut le coup de comprendre comment votre appareil réagit à telle ou telle scène, et dans quelles situations il se trompe.Par exemple, les scènes avec de la neige sont souvent compliquées à exposer correctement, car l’appareil peut « paniquer » en pensant que toute cette surface blanche lumineuse est une affreuse surexposition qui doit être assombrie pour atteindre un gris moyen plus raisonnable. Certains modèles récents sont maintenant capables de reconnaître ce type de scène, tandis que les modèles plus anciens nécessitent une surexposition manuelle de un ou deux STOP. La seule façon de connaître le degré d’intelligence de votre appareil est de faire des tests dans des situations variées !
Mesure spot : c’est quasiment l’inverse de la mesure multizone. La mesure est faite sur une toute petite partie de la surface du cadre (1 à 5% habituellement), souvent à l’endroit du point d’autofocus actif, ou alors au centre du cadre. Ce mode de mesure est très utile dans les conditions de lumière extrême, il permet d’exposer votre sujet correctement sans vous soucier du reste de la scène. L’exemple type est une photo de la lune la nuit. Si vous utilisez un autre mode de mesure que spot, l’appareil va essayer de surexposer le ciel sombre qui occupe la majeure partie du cadre, et ainsi complètement brûler les hautes lumières de la lune déjà lumineuse.
Pour finir, la mesure pondérée centrale est un type de mesure multizone qui va donner plus d’importance au centre de l’image par rapports aux côtés. Elle était majoritairement utilisée au temps de l’argentique, alors que le mode de mesure multizone était encore archaïque, et il y peu de raisons de l’utiliser aujourd’hui.
Pour résumer, il est généralement sage de rester en mode multizone pour la plupart de vos photos, avec néanmoins deux points de vigilance :
L’appareil peut faire des erreurs dans les scènes compliquées. Il ne faut donc pas lui faire une confiance aveugle.
La mesure spot peut être utile dans les scènes très contrastées, surtout si le sujet que vous voulez exposer est petit dans le cadre.
Sur la plupart des appareils photos, il y a un bouton dont la fonction peut paraître mystérieuse : AE-L/AF-L.
Sa fonction est simplement de bloquer l’exposition, la mise au point, ou les deux (peut être paramétré dans les menus). Si vous choisissez de le paramétrer pour bloquer l’exposition, ce bouton vous sera utile en mode de mesure spot. Placez votre sujet au centre, appuyez à mi-course sur le déclencheur pour faire la mesure de lumière, puis appuyez sur le bouton AE-L pour bloquer les paramètres de l’exposition, et recomposez votre image pour placer votre sujet où vous le souhaitez (comme nous allons le voir plus tard dans ce cours, placer son sujet systématiquement au centre de son cadre peut être très ennuyeux). Le bouton AE-L a tendance à être moins utile en mode multizone.
Maintenant, c’est à vous !
Dans votre mission d’aujourd’hui, vous allez avoir un peu plus de liberté que d’habitude.
Les résultats dépendront beaucoup des sujets que vous allez trouver
Essayez de trouver un sujet difficile à exposer : un petit sujet très lumineux dans un environnement sombre, ou l'inverse (un petit sujet très sombre dans un environnement très clair). Cela peut être une lampe frontale enveloppée dans une feuille de papier blanc et placée dans une chambre sombre volets fermés. Ou bien le visage d'une personne photographiée en contre jour :
Essayez de pousser le mode multizone à commettre une erreur, en faisant plusieurs essais, et essayez de la reproduire sur un sujet similaire.
Maintenant, essayez d’exposer correctement la scène en mode multizone (indice : vous allez sûrement faire plusieurs essais en utilisant la correction d'exposition). A présent, faites la même chose en mode mesure spot. Mission bonus : placez la lampe décalée du centre dans votre image et refaites l'exercice